Guitares Martelli Interview
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NOM : Pierre Marc Martelli
SURNOM : Péhème, Tonton, Le Marseillais, Gros, Pierro, etc…
ATELIER : Guitares Martelli à Bayonne, France
FORMATION & BACKGROUND : J’ai appris la lutherie en autodidacte, sur une période de 7-8 ans entre mes premières réalisations et l’ouverture de mon premier atelier.
JOUE DE: Je joue un peu de guitare (ça peut toujours servir) et de la basse. Mais mon “vrai” instrument est le sax ténor.
GROUPE : Il y a eu des tentatives, suffisamment courtes pour qu’elles n’aient pas de noms ! Mais on avait formé un trio qui s’appelait Moi, lui et l’autre…
LUTHIER QUE TU ADMIRES LE PLUS : J’hésite entre Ken Parker et Mitchi Matsuda.
INSTRUMENT QUE TU REVES D’AVOIR UN JOUR : Une Norton Commando Speedster 1967 !
DERNIER ALBUM ACHETÉ : Secular Psalms du trompettiste Dave Douglas (Immense !)
DERNIÈRE MUSIQUE QUE TU AS ÉCOUTÉ DANS TA VOITURE : Celia Cruz y La Sonora Matancera : Nuevo Ritmo Omelenko
DERNIER CONCERT : Ça commence à remonter à loin… Le quintet de John Scofield ou Le Sacre du Tympan, je ne me souviens plus.
L’INSTRUMENT LE PLUS IMPRESSIONNANT QUE TU AIES JAMAIS EU ENTRE MAIN : Une Tele de 1954 ou quelques Gibson ES330/335 des 1960s
LA RESTAURATION OU LA RÉPARATION LA PLUS ÉTRANGE QUEQUE TU AIES EU À FAIRE : Un théorbe fin 19ème.
La chose la plus importante est le son ! Et bien entendu l’ergonomie de l’instrument.
On aura beau tourner autour de la question esthétique, de la qualité des bois ou de l’équipement de la guitare, si le son n’est pas au rdv, tout ça est un peu vain…
C’est valable pour tous les types de guitares (et d’instruments de musique en général). Tous mes efforts sont concentrés vers le son et même si je soigne particulièrement l’aspect visuel de mes guitares, elles doivent remplir le contrat minimum de sonner aussi bien qu’elles le peuvent !
Depuis quelques années maintenant, je tente de perfectionner quelques solutions auxquelles je suis parvenu, particulièrement quant aux modèles acoustiques à cordes Nylon.
Mais c’est une quête sans fin (heureusement ?). Je dessine beaucoup avant de construire, cela me permet d’établir mentalement le processus de fabrication dans tous ses détails, de déterminer quels bois seront les plus adaptés, quelle finition, etc.
J’attache maintenant énormément d’importance au poids, que je tente de réduire au maximum.
Que ce soit les instruments de commande ou les fabrications en cours, je ne travaille quasiment que sur des pièces uniques.
Donc je n’ai pas vraiment de modèles ou de gamme préétablis. Cependant, les guitares à cordes Nylon acoustiques (crossover) sont celles qui ont les caractéristiques les plus systématisées.
Je suis très attaché à la notion de travail d’Artisan, c’est-à-dire que je fais vraiment tout sur l’instrument (à part l’accastillage) et sans outillage lourd.
Je vais finir par ressembler à Geppetto, c’est quasi-sûr !
Au risque de me répéter : le SON est plus important que tout, bien sûr.
Construire une guitare est un processus complexe qui fait intervenir une infinité de gestes et de compétences, de connaissances. Ce cahier des charges impose une approche que seule l’expérience permet d’appréhender avec une certaine sérénité.
Pour ma part, c’est un chemin qui a été semé d’erreurs ou d’échecs, tous très fertiles et formateurs. Donc on travaille encore et encore, on améliore ses techniques de fabrication, sa connaissance des bois, on étudie également les solutions auxquelles parviennent les confrères. Je tente de me montrer créatif tout le temps.
Pour répondre aux besoins et aux désirs d’un client, il faut savoir quel son il a en tête pour sa future guitare : c’est assez déstabilisant parce que ça implique de se montrer indiscret d’une certaine façon.
La plupart du temps, ce que souhaite un client, c’est un mix de plusieurs guitares, une synthèse des caractéristiques sonores, ergonomiques et visuelles de ses instruments préférés. Parfois, on vous demande de re-construire une précédente création en l’adaptant sur quelques points.
Je commence par établir une connexion avec la personne, quels sont ses goûts, ses préférences en terme de musique et de son, ses habitudes de jeu, les contextes dans lesquels il va utiliser l’instrument, etc.
Souvent, on parle des guitares qui l’auront marqué-e, ça aide à situer les choix. Bien souvent, faire réaliser une guitare sur mesure par un luthier est un projet qui a mûri longtemps et le commanditaire a eu le temps de définir sa demande. Il suffit d’être attentif et à de rester l’écoute. Bavarder de tout et de rien n’est pas inutile… Il-elle aura probablement déjà opté pour une de mes guitares qui lui a plu et on discute des choix esthétiques, de l’ergonomie (poids, dimensions, type de finition) et sur les matériaux.
Au niveau des essences de bois, je n’ai pas un choix infini mais on finit toujours par trouver ce qui convient. Il faut parfois recentrer la demande car certains aspects demandés peuvent contrarié le résultat final, ce qui est parfois le cas.
En fonction du planning en cours, les délais n’excèdent jamais 6 mois pour une réalisation. Je sais maintenant qu’il faudra aussi compter sur une période durant laquelle seront pratiqués des réglages, voire des réajustements.
J’ai développé un modèle en collaboration avec Nelson Veras, un guitariste réellement incroyable. Nous avons abouti à un modèle électroacoustique à cordes nylon. Mais la crise du Covid a bloqué tout le monde. C’est un dossier toujours ouvert…
J’ai également réalisé une Archtop pour Andrew Sudhibasilp, un guitariste méconnu du grand public qui vit aujourd’hui à Chicago. Andrew fait partie de mes guitaristes préférés et je ne doute pas que dans quelques temps son talent ne soit tout à fait révélé à tous !
Je ne suis pas certain que les français aient une particularité en ce qui concerne la lutherie. Mais peut-être sont-ils moins conventionnels que beaucoup d’autres et leur approche est très créative.
Pour en avoir discuté avec les “anciens” Cheval ou Queguiner, ce qui était du bricolage de pionniers dans les années 70 – 80 est aujourd’hui totalement passé. Les luthiers français d’aujourd’hui n’ont rien à envier aux anglo-saxons sur le plan de la technique et de la transmission du savoir.
Je suis installé depuis peu à Bayonne, après avoir passé 40 ans à Marseille. On peut y rencontrer mes instruments (et moi-même) dans le quartier Saint-Esprit sans difficultés.
Côté salons, en 2023 je serai présent à Montrouge, à Toulouse et sans doute à Crémone.
Pour les autres, il reste toujours la boutique de luthiers.com !
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