Julien Garcia Luthier Interview 1 Background
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J’ai démarré officiellement mon propre atelier en juillet 2015
J’ai à la base un DUT en mesures physiques, j’ai travaillé quelques années dans le domaine du froid industriel et commercial avant d’entamer ma reconversion pour réaliser mon vieux rêve qui est de fabriquer des guitares.
Cette reconversion a été initiée à la fin 2012 quand j’ai rencontré mon futur formateur, le luthier Claude Fouquet.
J’ai suivi ma formation dans son atelier situé à Puimisson dans l’Hérault durant l’année 2013.
J’ai démarré officiellement mon propre atelier en juillet 2015 après avoir d’abord créé plusieurs modèles pour me constituer une petite gamme d’instruments.
J’ai débuté la guitare à l’âge de 11 ans par la guitare classique puis à l’adolescence j’ai bifurqué vers la guitare électrique qui me semblait bien plus “cool” à l’époque. Je n’ai jamais arrêté de jouer que ce soit de la guitare électrique ou acoustique même si effectivement la lutherie m’a pas mal éloigné de la pratique de la guitare.
J’essaie de maintenir un niveau minimum me permettant de juger mes propres instruments le plus objectivement possible et c’est également un atout considérable quand il s’agit de régler une guitare.
La cohérence de l’objet par rapport au type de guitare dont il s’agit.
L’allure générale de l’instrument bien sur mais surtout le plan de barrage pour la sonorité et également ce qui touche à l’ergonomie comme par exemple le choix des diapasons dans le cas d’un modèle multiscale, la largeur du manche l’espacement des cordes, le profil du manche, le radius de la touche, etc…
Je fais toujours un plan papier à l’échelle 1:1 à l’ancienne au crayon et à la règle et une fois satisfait avec les lignes de la guitare et la cohérence du barrage , je démarre la fabrication de tous les gabarits et outils spéciaux nécessaires à la fabrication.
Je trouve que chaque modèle a sa propre personnalité et va donner envie de jouer des choses différentes.
Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai des modèles phares mais je trouve que mes modèles multiscale qui existent pour l’instant aux formats OM et Jumbo offrent une facilité de jeu vraiment bluffante pour ceux qui les essayent ainsi que des subtilités sur le plan acoustique qui selon moi en font les instruments tout indiqués pour le guitariste fingerstyle.
Coté guitare classique je propose trois modèles: les modèles “étude” et “concert” inspirés des barrages éventail traditionnels et le modèle “grand concert” inspiré des guitares lattice mais sans carbone pour garder le timbre du “tout bois”.
Le modèle “concert” est une évolution du modèle “étude” par contre avec la “grand concert”on est sur un barrage totalement personnel qui a évolué par petites touches au fil du temps et le son est selon moi beaucoup plus plein, on a plus de tout si vous voulez, et le volume sonore est également nettement supérieur, en particulier une fois que la guitare commence à s’ouvrir en étant jouée.
Cela m’a donc paru logique de la nommer “grand concert”.
Il y a plusieurs facteurs qui jouent un rôle dans le son de l’instrument
Le choix des bois évidemment va avoir une grande influence sur le timbre du futur instrument, en particulier le choix de la table et du fond.
Mais la précision des assemblages et la géométrie sont les paramètres qui différencient une guitare d’une excellente guitare qui a de la longueur de notes, de la richesse, l’équilibre et aussi le volume sonore.
il y a également d’autres paramètres sur certains choix de construction qui ont beaucoup d’impact sur le son comme le rôle des éclisses par exemple et d’autres choses amusantes….
J’aime travailler tous les bois, certains rendent la tache plus compliquée que d’autres, il suffit d’adapter la méthode ou changer d’outil pour composer avec un bois un peu récalcitrant.
Concernant les manches je trouve que le Cedro et l’acajou sud américain sont extrêmement agréable à travailler sans parler de l’odeur qu’ils dégagent (le Cedro en particulier) qui embaument dans tout l’atelier.
Pour les tables j’ai peut être un faible pour l’épicéa alpin mais j’utilise aussi beaucoup le cèdre et même son cousin américain le séquoïa (redwood) qui donne des résultats bluffants.
Quand il s’agit d’orienter un client vers telle ou telle essence il y a en premier le son souhaité pour future la guitare, le choix des essences vient juste après le choix du format de caisse et éventuellement du diapason.
Quand le choix des bois est fait je sors différentes pièces de mon stock qui sont secs et prêts à devenir une guitare pour permettre aux clients de choisir celle qu’ils préfèrent esthétiquement pour le fond, les éclisses, le chevalet et la touche, car c’est aussi ce qui fait le charme d’une guitare sur mesure.
La plupart du temps je me réserve en revanche le choix de la table et du manche car ces deux éléments en particulier sont particulièrement importants et ne se choisissent pas uniquement sur des critères esthétiques.
En ce qui concerne les guitares folk j’aime beaucoup le travail de luthiers français comme Franck Cheval, Richard Baudry, Thomas Féjoz et bien sûr mon mentor et formateur Claude Fouquet.
La liste est très longue et je ne pourrai pas citer tout le monde car il y a des luthiers guitare classique et des luthiers pour les guitares folk vu que je fais ces deux types de guitares. En ce qui concerne les guitares folk j’aime beaucoup le travail de luthiers français comme Franck Cheval, Richard Baudry, Thomas Féjoz et bien sûr mon mentor et formateur Claude Fouquet.
J’aime énormément la lutherie nord américaine avec le style traditionnel des Martin bien sûr mais aussi des choses beaucoup plus modernes comme Jason Kostal, Julian Gaffney, Michael Greenfield, Jordan Mcconnell sans oublier Ervin Somogyi. Il y a aussi Georges Lowden en Irlande et bien d’autres…
Pour les guitares classiques il y a des luthiers en France comme Dominique Field, Daniel Friedrich, Robert Bouchet, qui sont légendaires et que j’admire infiniment.
J’aime aussi énormément beaucoup luthiers à l’étranger comme Michael Thames, John Bogdanovich, qui est une de mes plus grosses influences pour mes guitares classiques. Et bien évidemment beaucoup d’autres en France et ailleurs.
Alors en général le client vient à l’atelier pour essayer quelques modèles, ce qui me permet dans un premier temps de le voir et l’entendre jouer.
Cela lui permet aussi de commencer à s’orienter vers tel ou tel modèle en fonction du type de son qu’il a en tête et aussi parfois en fonction de sa morphologie. Donc le but est de définir d’abord le format de caisse idéal (dans le cas d’une guitare folk) puis ensuite voir si on change le diapason, la largeur du manche et son profil pour une prise en main optimale. Il y a également toutes les questions sur son style de jeu et le son souhaité pour déterminer le choix des bois comme j’explique plus haut.
Il m’est également arrivé que l’on me contacte à distance et donc tous les échanges et réflexions se sont fait par mail ou par téléphone, y compris le choix des bois sur photo en passant par le design intégral sur papier de l’instrument qui était très particulier pour le coup. J’ai rencontré le client pour la première fois le jour où il est venu chercher sa guitare.
Donc il est tout à fait possible de me soumettre un projet à distance sans forcément se déplacer jusqu’à l’atelier si ce n’est pas possible.
Il y a des guitaristes professionnels qui jouent avec mes guitares comme des professeurs en conservatoire. Il y a aussi mon ami Cristobal Pazmino, guitariste et compositeur équatorien pour qui j’ai fait une version à pan coupé vénitien de mon modèle classique “grand concert”.
Il y a aussi Sebastian Cordero qui est un fabuleux guitariste argentin qui possède la sœur jumelle de celle de Cristobal mais dans une essence différente pour le fond et les éclisses.
Oui bien sûr, je propose toujours un service de réparation et de réglages / entretien à l’atelier.
De ce que j’ai pu voir depuis que je suis dans ce milieu, j’ai l’impression qu’en France les luthiers essaient d’innover en permanence, certains ont vraiment des concepts très personnels et très innovants que je n’ai vu nulle part ailleurs à ma connaissance.
J’aime innover pour ma part mais je reconnais que cela se situe plus à l’intérieur de mes guitares qu’à l’extérieur où j’affectionne une certaine sobriété. Mais énormément de luthiers français osent bousculer les codes et cela contribue à faire encore évoluer cet instrument fabuleux.
Je trouve aussi qu’en France beaucoup de luthiers essaient d’adopter une démarche plus écoresponsable en utilisant de plus en plus de bois européens ou français pour telle ou telle partie de l’instrument.
La lutherie française c’est aussi, selon moi, un héritage d’excellence qui nous vient de nos prédécesseurs et qui sont encore aujourd’hui considérés comme des références en France et à travers le monde.
Je n’ai pas de revendeur donc pour acheter un de mes instruments il faut me contacter directement.
Il est possible de les essayer à l’atelier ou sur les salons et festivals auxquels je participe comme le Salon International de Toulouse, les rencontres guitares de Ferrière sur Arriège.
J’étais également présent à Issoudun l’an dernier, il y a le festival Drôme de guitare à Valence pour les amoureux de guitares classiques. J’étais également présent en novembre dernier à Juvisy sur Orge pour le festival Guitar’Essonne.
Autant d’événements sur lesquels je vais essayer d’être à nouveau présent cette année.
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