Philippe Bouyou Luthier Phiguitars Interview 1 Background
Je m’appelle Philippe et j’ai 39 ans. Je n’ai pas fait d’école de lutherie, je suis autodidacte.
J’ai eu 2 expériences de fabrication d’instruments avec des luthiers. La première en 2006 avec le regretté Xavier Petit et une 2éme en 2012 avec Dominique Bouges. Autant ce fut bref avec Xavier, autant avec Dominique je suis resté plusieurs mois. J’ai fabriqué une archtop avec lui et j’y ai appris énormément de choses sur la lutherie et le travail du bois.
Avant de me lancer dans la lutherie, j’ai travaillé en tant qu’ingénieur du son pour Radio France pendant quasi 20 ans. Mon ancien métier m’aide d’ailleurs encore au quotidien dans mon travail de lutherie !
Je suis guitariste depuis tout petit. J’ai démarré une formation en guitare classique à l’âge de 7 ans jusqu’à mes 18 ans. J’avais d’ailleurs plutôt un bon niveau en sortant !
Maintenant je joue en groupe plutôt électrique mais j’ai aussi un duo acoustique de reprises.
Je ne m’occupe pas des instruments du quatuor, il y a de très bons luthiers pour ça dans ma région.
Il m’arrive de m’occuper d’autres instruments à cordes pincées mandoline, banjo, harpe lyre, oud…
En ce moment, j’ai pas mal de basses en fabrication !
Instruments inspirés de modèles éprouvés, ce qui ne me dérange pas du tout. J’aime l’idée de reprendre des modèles existants et d’en faire des œuvres uniques, adaptées aux exigences des clients.
J’ai commencé à développer une gamme de guitare plus personnelle. La Adam est le premier modèle de cette gamme. S’en suivront d’autres en guitare et en basse.
Pour cette gamme, je suis juste parti de ce qui me fait vibrer et qui me parle en matière d’instrument. J’aime les guitares simples en termes d’électronique et de design. Je suis, et reste, un rockeur. Mes guitares s’adressent donc aux adeptes du rock’n’roll.
Maintenant si demain on me demande une machine à shredder, je relèverai le défi avec plaisir !
Bien sûr, je crée aussi des customs uniques, soit à partir d’un dessin du client ou bien sorti de mon imagination, il n’y a aucune limite !
Je n’utilise pas l’ordinateur pour mes dessins ou ce genre de choses…
Je l’utilise au quotidien pour mon travail de recherche d’info ou de communication mais je reste old school et fais tous mes dessins à la main !
On part d’abord d’un type d’instrument.
La taille de celui-ci va déjà donner des pistes de choix de bois.
Ensuite en fonction du son que le client souhaite, je vais faire une présélection d’essences qui pourrait convenir. Mon ancien métier d’ingé son m’aide grandement pour cela.
Puis vient le côté esthétique du choix, et là, même si j’aide un peu, je laisse le client choisir ce qu’il veut. A partir de là, on fait la somme de tous les choix et c’est parti pour la fabrication !
Pour ce qui est de l’approvisionnement en bois, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mes fournisseurs et mes propres récoltes.
L’essentiel de mon érable ondé provient du « bois de lutherie » dans le Doubs. Bernard Michaud qui gère cette entreprise à un stock fabuleux. C’est aussi un puit de savoir, toujours prompt à partager son savoir.
Pour ce qui est des bois exotiques, je travaille essentiellement avec Madinter qui fournit du bois de qualité. La quasi-totalité de mon ébène vient de chez eux. Leur filière est traçable (vu qu’ils ont leur propre scierie au Cameroun).
Ensuite, je récolte énormément de bois autour de l’atelier. Frêne, noyer, érable, fruitier, aulne et tant d’autres… A part l’abattage, je gère tout le reste du process, du sciage au séchage jusqu’au débit.
Je suis en train de travailler avec des représentants locaux de la filière bois pour mettre en place une gestion plus responsable des essences locales et faire en sorte que certains arbres soient valorisés en bois de lutherie plutôt qu’en bois déchiquetés servant au chauffage…
Je travaille pour l’essentiel avec des fournisseurs français ( Fred’s par ex)
Oui ! J’ai fait fabriquer il y a quelques mois des pickguards en alu par un artisan proche de l’atelier par exemple.
J’essaie vraiment de privilégier la proximité !
J’ai la chance de pouvoir disposer de micros bobinés main à la demande donc c’est vraiment la première chose que je propose à mes clients.
Ensuite, s’ils préfèrent telle ou telle marque, j’essaie de trouver les micros les plus appropriés à la fabrication.
Pas vraiment de secrets mais des habitudes, oui. Faire des câblages les plus propres possibles en prenant soin d’éviter les longueurs inutiles et les masses en trop !
J’ai parfois des câblages complexes à réaliser, c’est toujours un défi…mais on arrive toujours au résultat !
Cellulo !
J’aime son toucher, sa souplesse. C’est vrai qu’il est plus fragile qu’un PU mais ça me convient très bien !
C’est surtout une question de budget !
En gros, j’essaie d’avoir 3 gammes de prix pour pouvoir répondre aux attentes des clients.
Gros coup de cœur pour les capteurs Ischell. Une qualité irréprochable et fabriqué en France !
C’est un sujet très subjectif… Même si il y a des grandes lignes au niveau réponse sonore, chaque touche à un tap tone différent.
Pour généraliser, la touche à son importance dans l’attaque du son. L’érable aura une attaque très vive et claquante, le palissandre sera plus rond tandis que l’ébène, à mon sens, combine les deux, avec une épaisseur supplémentaire.
Je fais toujours en sorte de combiner intelligemment les bois du manche et de la touche pour arriver à un mariage qui conviendra à l’ensemble de l’instrument, à l’accordage utilisé et aux désirs du client.
Par exemple, pour une baryton, qui est déjà grave du fait de sa conception, je privilégierais plutôt un bois « raide », érable, padouk, cormier, fruitier.
Non ce n’est pas un domaine qui m’intéresse … Je préfère laisser ça aux spécialistes !
Gilles Ferrand d’IT-11 Audio fait des amplis dingues par exemple !
Ne pas compter ces heures. Etre exigeant, toujours. Viser la perfection (mais ne jamais penser qu’elle est atteinte). Toujours se dire que l’on a quelque chose à apprendre.
Pour ce qui est des formations, étant autodidacte, je n’ai pas vraiment de références…
L’ITEMM propose de très bonnes formations et de nombreux stages.
Après rien ne vaut l’expérience du terrain !
Vaste question… Pour démarrer, une scie à ruban, une perceuse à colonne, une défonceuse c’est déjà pas mal. Pour les outils à main, ciseaux et gouges, rabots, scies diverses…
Le maximum…il n’y a aucune limite !
Ce que je peux affirmer, c’est qu’il vaut mieux investir tout de suite dans de l’outillage de qualité plutôt que dans du premier prix. Le vieil adage « le pas cher est toujours trop cher « fonctionne parfaitement !
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